03. INCLUSION TACTILE

Inclusion tactile
Inclusion tactile

Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022

Comment appréhender l'espace par la dimension tactile ?

Projet

Le projet "Inclusion tactile s’intéresse aux dimensions des matériaux et aux interactions avec les objets dans la ville. Il aborde la question de l’appréhension de la ville en interagissant avec elle par le toucher. L’hygiène entourant ce sens, mais aussi les règles sociales peuvent créer des limites à cette exploration. Comment alors trouver une tactique pour inciter les citoyens à davantage de contacts, dans les multiples situations limitant l’exploration ?

Les contacts avec la ville sont essentiellement effectués lors d’échanges fonctionnels sous la contrainte de la nécessité. Il est rarement envisagé que le sens tactile soit utilisé pour bonifier l’expérience et augmenter l’émotion d’un instant. D’ailleurs, les stratégies de design mises en place pour créer des dispositifs de répulsion sont courantes.

Mou/dur, adhérant/glissant, chaud/froid, lisse/rugueux

Mile lux
Image : Image des sculptures Inclusion tactile

Méthodes

Afin de déjouer les représentations sociales limitant l’investigation tactile, des balades en groupe permettent une exploration conviviale dépassant la peur du regard social. Lors de celle-ci, il est proposé la découverte du spectre des différentes textures composant la ville. Les matières collantes, molles, sont découvertes au milieu des surfaces lisses ou rugueuses. Une matière chaude entre en contraste avec une matière qui se révèle froide. Certains matériaux lisses se révèlent adhérents. Différents protocoles sont utilisés comme les marches en binômes où une personne a les yeux bandés, ou bien le toucher d’un revêtement avec un instrument.

Mile lux
Image : Exercices tactiles

La prise en compte des dimensions tactiles offre une perspective pour l’appréhension de la ville. Comment dans cette perspective concevoir l’amélioration du confort ? Comment tirer parti des prises sur l’environnement, des affordances (Gibson) ? Comment le toucher permet-il d’augmenter la mémoire d’un événement ? Comment envisager une gestualité inédite , des comportements différents, un nouvel usage de la ville ? Mais aussi au-delà de l’expérience collective, comment amener le public dans une expérience tactile à faire en solo ?

Afin d’amener le public à poursuivre cette expérimentation en solo, un vidéoguide a été élaboré, de manière à transformer l’expérience réelle du toucher en une expérience artistique. Le toucher est ainsi, selon les termes d’Erwin Goffman, modalisé et s’inscrit par rapport à la fiction du récit proposé. En effet, il doit suivre une danseuse qui tantôt le guide dans l’exploration tactile, tantôt l’avertit du danger social. Un jeu entre la fiction et le réel s’opère. Des stratégies de tournage sont imaginées.

Des sculptures tactiles ponctuent le parcours. Appelées « Inclusions tactiles », elles proposent à celui qui effectue le vidéoguide de les toucher en vrai, ou de les voir dans l’image. Réalisées lors d’ateliers artistiques, elles disparaissent progressivement sur le parcours, d’autres restent longtemps, peut-être adoptées par les résidents. À l’image des exercices tactiles de Laszlo Moholy Nagy, ces sculptures sont d’autres invitations à la curiosité et au toucher. Elles jouent sur les sensations, mais aussi sur les gestuelles.

Conclusion

À partir de la recherche-création il est possible de prolonger la réflexion amorcée par le projet. Comment des roues de qualification, ainsi qu’une mallette d’échantillons tactiles pourraient-elles contribuer à la poursuite méthodologique ? Comment une signalétique pourrait-elle être créée et fonctionner pour les personnes aveugles et en même temps pour tous ? Comment un urbanisme tactile changerait-il la façon d’envisager la reconquête d’un territoire hostile à l’être humain ?

Composantes du projet

  1. Marches exploratoires
  2. Scénario
  3. Vidéoguide
  4. Sculptures
  5. Modèles

Références

Gibson, James J. (1966). The Senses Considered as Perceptual Systems. Allen and Unwin, London.

Williams, Luke (2002). «L’espace tactile en design : une investigation méthodologique comparée, avec une application à la douceur». Master Thesis, Montréal. Université de Montréal

Crédits

Parcours vidéo-tactile - mai 2009

Réalisation et scénarisation : Luke Williams, Yannick Gueguen et Édith Normandeau

Co-production : Audiotopie, Dare Dare

Diffusion : Off-biennale


Inclusion tactile - juin 2010

Réalisation et scénarisation : Yannick Guéguen, Édith Normandeau

Co-production : Audiotopie, Péristyle Nomade, École secondaire Pierre-Dupuy

Recherche : Luke Williams

Narration : Frédéric Bélanger

Caméra : David Tousignant

Conception sonore : Étienne Legast, David Martin

Chorégraphie : Élise Hardy

Montage vidéo : Étienne Legast

Masterisation : Thierry Gauthier

Graphisme : Yannick Guéguen

Production déléguée : Catherine Lalonde Massecar, Nicolas Rivard

Processus participatif : Stéphanie Gaudet, Vincent Mayer

Soutien financier : Conseil des arts de Montréal et de la Conférence Régionale des Élus de Montréal dans le cadre du programme Libres comme l’art et du Programme de soutien à l’école montréalaise du Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport (PSÉM)