08. L'Écho du lac

Écho du lac
Écho du lac

Auteur : Yannick Guéguen / Date : 29 novembre 2022

Une balade littéraire permet-elle d'enrichir la perception du territoire ?

Projet

Le projet "L’Écho du lac" a été créé suite à la réédition inédite depuis sa parution en 1930, du roman "Hélier, fils des bois" de Marie Le Franc. Écrivaine d’origine bretonne, Marie Le Franc (1879-1964) a fait du Québec sa seconde patrie et célèbre dans ce roman la nature laurentienne canadienne, ses forêts et ses lacs. La radicale altérité de la forêt, qui se joue de rapports intimes et intérieurs, renforce l’intérêt contemporain pour cette œuvre. [1]".

Basée sur la sélection d’extraits du roman, la balade littéraire "L’Écho du lac" déploie un fascinant imaginaire de la forêt, qui se nourrit des paysages découverts lors des nombreux séjours de la romancière et des sensations vécues au contact d’une nature qui, sans être totalement hostile à l’être humain, n’en demeure pas moins extrêmement difficile à habiter. [2]

La sélection des textes par le groupe de travail du projet s’est effectuée pour mettre en avant les références sonores et contextuelles de récit, ainsi qu’à relier plusieurs extraits entrent eux, en les situant autour du lac Marie Le Franc. Nommé en l’honneur de l’écrivaine en 1934, le lac d’une superficie de 7 km carrés se situe dans la partie sud de la réserve faunique de Papineau-Labelle, dans les Laurentides. [3]

La balade débute sur la plage et se poursuit le long d’un chemin en forêt. À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Marie Le Franc, un panneau d’interprétation situé près du chalet du gardien au lac Marie-Le Franc a été installé par La Traversée, atelier de géopoétique en collaboration avec la Réserve faunique. Ce panneau complète la balade littéraire intitulée "Sur les pas de Marie Le Franc", réalisée par l’association Marie Le Franc en Bretagne.

" Elle allait vers une direction secrète, avec lassitude et persistance.
La forêt l’enserrait de haies monstrueuses.
Elle n’avait ni résonance, ni souffle, ni voix.
Le pied s’enfonçait dans le sol matelassé où elle se découpait d’une seule tranche, parmi les fougères rasées et les racines meurtries par des arbres.
Elle ne rendait aucun écho.
Elle buvait de sa terre meuble les empreintes et le bruit des pas.
Elle mettait une hâte à effacer toutes les traces ".

Marie Le Franc (1930) Hélier, fils des bois

Écho
Photo : Inauguration du panneau (Crédits : Isabelle Duval)
Graphisme Écho du lac
Image : Graphisme du projet

Méthodes

Le lancement du projet a été l’occasion de plusieurs performances. Dans l’une d’elles, "dans deux chaloupes, à une centaine de mètres du rivage, Julien et Marjolaine se tiennent debout, face à nous, tandis que Gilles et Nicolas rament de temps à autre pour empêcher les embarcations de voguer avec le courant. Yannick et Étienne arrivent des deux côtés de la plage, revêtus eux aussi de vestes audioportables.

Nous sommes une quarantaine de personnes réunies pour l’occasion – les gens de la région et de la Réserve faunique Papineau Labelle nous ont rejoints pour l’hommage à Marie Le Franc et l’inauguration du panneau d’interprétation – placées au centre d’un dispositif sonore où la voix de Chloë cède par moments la place aux bruits de l’eau et aux chants des lounes.

Justement, un huard s’est posé à quelque distance des bateaux, il observe de loin ses drôles de comparses, attiré par le chant. Nous vivons un moment magique où l’eau du lac participe au mouvement ambiant en jetant ses vagues sur le rivage, où les paroles se répercutent sur le sable avant de s’évanouir peu à peu, laissant leurs échos s’enrouler en nous en ribambelles".[4]

Écho
Photo : Performance sonore (Crédits : Isabelle Duval)

Conclusion

Bien que le récit du livre se situe au lac Tremblant, le lac Marie Le Franc, moins touristique, reflète mieux l’ambiance du lac à l’époque du roman. Si "L’Écho du lac" a été pensé pour ce lieu, il peut être écouté dans d’autres contextes, sur un chemin en forêt, autour d’une étendue d’eau, dans la nuit.

La lecture en contexte révèle le génie du lieu, ouvre les sensations, crée un dialogue avec les éléments naturels. L’atelier nomade organisé par la Traversée a donné lieu à la création du Carnet de navigation n°13 rendant hommage au texte de Marie Le Franc, apportant de nouvelles contributions poétiques, tout en documentant les expériences du lieu.

Notes

[1] Chartier, Daniel. "Hélier, fils des bois", Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique, Université du Québec à Montréal

[2] Bouvet, Rachel. "Balade littéraire au Lac Marie-Le Franc", consulté le 28 février 2022.

[3] Site de Grand Québec :"Réserve faunique Papineau-Labelle", consulté le 28 février 2022.

[4] Bouvet, Rachel. Tisser les voix, Montréal, Québec : Mémoire d'encrier, 2019.

Références

Marie Le Franc (2011) Hélier, fils des bois, Presses de l'Université du Québec, Collection Jardin de givre.

Bouvet, Rachel. « La promenade littéraire, un dispositif pour des lecteurs en mouvement. » Enjeux et société, volume 6, numéro 2, automne 2019, p. 109–140.

Site de La Traversée, Atelier de géopoétique.

Site de L’Association Marie Le Franc.

Échos du lac Marie-Le Franc, Carnet de navigation n°13, La Traversée, Atelier de géopoétique.

Crédits

L’écho du lac - octobre 2014

Réalisation et scénarisation : Yannick Guéguen

Co-production : Audiotopie, La Traversée, Atelier de géopoétique, Centre De recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, Réserve faunique Papineau-Labelle, municipalité de La Minerve, MRC des Laurentides

Recherche : Rachel Bouvet, Laure Morali, Martha Tremblay Vilão

Narration : Chloë Rolland

Conception sonore : Étienne Legast

Graphisme : Yannick Guéguen

Production déléguée : Rachel Bouvet

Soutien financier : La Traversée, Atelier de géopoétique